Soeur Jeanne d’Arc, religieuse dominicaine, a beaucoup écrit. Elle marque son temps par notamment ses conférences d’initiation à l’Ancien et au Nouveau Testament, ses travaux d’exégèse et sa traduction des Evangiles.
Quelques mots sur ses uvres
« Prier l’Evangile avec le Rosaire »
Soeur Jeanne d’Arc élargit la méditation traditionnelle des 5 mystères en la reliant à la vie du Christ au travers de 12 thèmes. Elle arrête notre attention sur tel ou tel épisode le temps d’une dizaine pour s’imprégner de l’Evangile, l’assimiler, le faire sien.
« Chemins à travers la Bible »
Soeur Jeanne d’Arc, qui fut une animatrice bien connue de groupes bibliques tant en France qu’en Belgique ou au Canada, donne ses itinéraires privilégiés pour une découverte de la Bible, ainsi que des conseils de lecture. Elle présente également l’évolution de divers thèmes (alliance, béatitude
) : de la Genèse à l’Evangile.
« Petite initiation au grec des Evangiles »
Soeur Jeanne d’Arc ouvre la possibilité de goûter toutes les richesses du texte grec et de sa traduction. Elle a un souci constant de pédagogie pour ne pas noyer le lecteur sous une grammaire ou un vocabulaire compliqué.
« Evangile selon Saint Luc »
La presse considéra qu’il s’agissait là d’un événement car Sur Jeanne d’Arc offrait dans cet Evangile la plus littérale des traductions. La présentation y est rythmée et le style oral. Elle l’éclaira de notes d’une extraordinaire richesse.
« Evangile selon Saint Marc »
Là encore, la presse admira et vanta cette traduction faite de mots simples, le caractère populaire des sentences du Christ. Le texte de Saint Marc, parfois lourd, trouve ici un rythme oral et une nouvelle saveur.
« Evangile selon Saint Matthieu »
Soeur Jeanne d’Arc insiste sur le fait que l’Evangile de Matthieu est essentiellement l’Evangile des « Paroles » de Jésus. Elle s’est donc attachée à épouser le rythme du texte pour en dégager le caractère mémorisable par des phrases courtes et bien frappées.
« Les pèlerins d’Emmaüs »
Les services documentaires multimédias en parlent de cette façon : « Par une analyse attentive du chapitre 24 de l’Evangile selon Saint Luc, sur Jeanne d’Arc fait apparaître l’organisation du récit, sa beauté et aide à en évaluer la portée. Elle met d’abord en relief le grand jeu d’inclusions du récit, puis elle analyse les trois actes qui le composent : la catéchèse sur la route, le partage du pain à Emmaüs, et le témoignage à Jérusalem. Ensuite, elle le situe dans l’ensemble du contexte de la résurrection du Christ chez Luc. Enfin, elle compare le voyage des deux pèlerins d’Emmaüs avec deux autres voyages racontés par Luc : « le bon samaritain » et « l’eunuque de Candace ».
Découvrons sa manière de prier.
« Un coeur qui écoute » provient d’écrits de 1966 et apparaît comme son testament spirituel, reflet d’une vie intérieure toute imprégnée de saveur biblique.
Dans ce livre, Soeur Jeanne d’Arc souhaite offrir à tous une aide pour apprendre à prier, pour devenir « un cur qui écoute ». Par des mots simples, elle fait toucher du doigt des choses importantes.
Reprenons quelques points prégnants qu’elle y développe :
– « Donne moi Seigneur un cur qui écoute » (1 rois 3,9)
C’est la demande de Salomon à Yahvé.
Cette demande pleine de sagesse lui ouvre une relation vraie au Seigneur.
Ecouter le Seigneur permet de demeurer en paix.
2 -Cette attitude est très importante dans nos relations à nos frères, évitant la recherche prématurée de solutions pour ceux qui accompagnent et guident par exemple.
3 Cette demande peut également être une forme de prière pour notre vie.
– Pour prier, il convient d’offrir du temps au Seigneur. Cela implique une démarche volontariste « pour trouver du temps » , plus facile à réaliser quand la prière nous semble indispensable pour notre vie.
L’argument du manque de temps est souvent invoqué comme obstacle à la prière d’oraison
mais si les journées étaient de 25 heures, dégagerions nous 1 heure véritablement pour notre prière ?
– Un lieu pour prier est un moyen pour favoriser l’oraison (une pièce, un oratoire
). « Quand tu veux prier, retire toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte. »(Matthieu 6,6).
Lorsque nous choisissons l’arrangement de notre habitat, quelle place donnons-nous aux temps de rencontre avec le Seigneur ?
– Une autre forme de prière est la prière dans la vie, comme par exemple prier dans le métro, prier pour nos frères que l’on aborde, que l’on côtoie, tous aimés du Seigneur. Je peux Lui demander d’envoyer son Esprit sur toutes ces personnes.
Même au sein d’une foule, je peux être seul avec le Seigneur.
Prier en solitude ou prier dans la multitude, à chacun de trouver ce qui lui convient.
– Apprendre à mourir exercice difficile. On peut s’y exercer en lâchant prise chaque jour et l’exercice de l’oraison peut aider : je décide de tout abandonner pour un temps que je fixe à l’avance. Quoi qu’il arrive, je me rends disponible à Dieu, quel que soit mon état intérieur.
– Etre avec Dieu
Les instants libres de ma journée, parfois imprévus comme les attentes en transport, sont autant d’opportunités pour retrouver le Seigneur. A nous de décider soit de les combler par notre activité courante, soit de « débrancher nos préoccupations et de préférer Dieu, simplement ».
– La prière de demande : son efficacité est de nous apprendre que tout est grâce.
Elle est très présente dans l’Evangile : « Demandez et vous recevrez », etc
La tentation est souvent grande de croire qu’elle consiste à prier pour obtenir quelque chose (on fait dire des messes pour réussir à un examen par exemple). Non, pour Sur Jeanne d’Arc, « demander au nom du Christ : c’est demander en Lui, avec Lui, et par Lui, ce que Lui-même demande au Père, pour toute l’Eglise et pour chacun de ses membres ».
D’ailleurs, ces biens, Dieu désire nous les donner, voilà pourquoi, en nous faisant les demander, il nous fait mieux les désirer.
– L’oraison est une prière très accessible aux petits enfants, quelles que soient leurs facultés intellectuelles. Ils ont en eux cette facilité à être avec le Seigneur.
Pourquoi vouloir à tout prix les occuper par des coloriages, du découpage, des histoires, des prières toutes prêtes ? Respectons leur rythme à découvrir Dieu dans le silence et laissons l’Esprit Saint travailler en eux.
– Dans l’Ancien testament, Elie est un de ces hommes qu’il nous est donné d’approcher et de mieux connaître. Bien que chargé de missions redoutables (terrible sécheresse, prononcer des arrêts de vengeance..), Elie nous fait découvrir l’intimité divine. Ce grand solitaire nous livre son expérience de la rencontre intime, vivante de l’homme avec Dieu présent. « Dieu est en moi, plus intime en moi que moi-même, plus proche et sans cesse présent, dit Sur Jeanne d’Arc ». Le service que Dieu attend de nous c’est l’attention, la présence.
Mais il faut passer le désert ! Elie y subit les épreuves (solitude, humiliation, durée). Dans ce vide, ce « pays imprenable en photo », l’âme est purifiée par l’ennui, la dureté du désert, la terre sans chemin. Ainsi, s’aiguise en nous le désir de mieux le connaître, s’éveillent nos sens spirituels, comme la profondeur du silence.
Et moi, pourquoi ne chercherais-je pas à lui offrir un peu plus souvent cette joie d’être avec lui ? Quels sont mes déserts qui me le font rencontrer ?
Enfin, laissons-nous conduire par une dernière prière de Soeur Jeanne d’Arc :
« Je t’offre le temps de ma prière. Ce temps précieux, Seigneur, dont je suis si avare, je n’ai rien de plus précieux à t’offrir, aussi me voici devant toi, et je le laisse couler goutte à goutte, inutile. Les lentes minutes que j’ai décidé de brûler devant toi, les voici, vides vidées de tout pour toi. Je suis confus de ne pas savoir mieux les remplir et d’être là, tout interdit, vaguement ennuyé, harcelé par ces choses que j’ai voulu écarter de cette heure pour te la donner, mais qui reviennent battre contre les parois de mon âme, et je ne sais comment les faire taire. Pardonne ma distraction, ma maladresse et mon ennui. Je crois en toi, je crois à ton agir en moi, et je laisse couler le temps dans cette acte de foi, et je t’offre ainsi en libation cette heure unique, cette heure irremplaçable de ma vie qui s’écoule. »